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  L'histoire du camp allemand
L'histoire en podcast à écouter (Résumé du texte ci-dessous en 11 mn)

Juin 1940, l'arrivée des troupes allemandes dans le Rhône est annoncée, Lyon est évacuée et perd la moitié de sa population en trois jours. Le 19 juin, la ville est occupée par les soldats de Hitler qui envahissent tout le département et passent par Chauffailles puis par le col des Écharmeaux et la vallée d'Azergues (On parle de 168 véhicules et de 3 à 4 000 hommes). Une colonne motorisée bifurque au col des Écharmeaux pour traverser Ranchal et stationner pendant une heure au hameau des Filatures à Saint-Vincent-de-Reins. La ligne de démarcation est instituée et ne passe pas très loin, à Paray le Monial, mais Ranchal se trouve en zone libre.


Invasion de Lyon - Cours Gambetta en Juin 1940 (Photo prise par les allemands)

Deux ans plus tard, les occupants n'étaient certainement pas revenus dans la région mais le 11 novembre 1942, tout se complique et le ciel s'assombrit, c'est l'operation Anton par laquelle l'armée allemande envahie la zone libre. Toute la France est désormais occupée, Ranchal se trouve alors dans ce qu'on appelle la zone sud, Klaus Barbie arrive à Lyon pour lutter contre la résistance. Un jour de fin de l'année 1942, deux civils allemands arrivent sur notre commune, un ingénieur et un traducteur qui logent à l'hôtel aux Écharmeaux puis à l'hôtel Bancillon de Chansayes. Ils viennent choisir et délimiter un terrain pour la construction d'un camp radar qui prendra place dans ce que l'on appelle la ligne Kammhuber, nom du général à l'origine de la ligne de défense alliant radars et chasseurs de nuit qui s'étend du Danemark au centre de la France.

Le site du col des Écorbans se révèle parfait à tous égards : quatre hectares presque plats et légèrement arborés situés sur un point culminant à 870 m d'altitude. L'emplacement est d'une importance stratégique majeure pour les radars dont la zone de couverture d'un rayon de 30 kilomètres s'étendra jusqu'à Roanne, Villefranche sur Saône et Mâcon couvrant ainsi les vallées de la Saône et de la Loire. En effet, cette rivière et ce fleuve servent à cette époque de repères et de guidage pour les bombardiers anglais qui volent de nuit en s'aidant des reflets de la lune dans leurs eaux.


Photo du camp en 1946

Les camps radars ne possèdent généralement pas de DCA mais ils sont les discrets piliers de la défense anti-aérienne allemande. Avoir deux radars permet une triangulation pour une localisation précise des aéronefs dans les trois dimensions. D'autre part, pendant qu'un des deux radars traque les appareils et les suit, l'autre guide les chasseurs allemands chargés de l'interception et basés à Bron, à Ambérieu et à Valence.


Zone de couverture des radars de Ranchal
(Extrait des archives de guerre allemandes)

A cette époque la guerre fait rage depuis trois ans et toute l'industrie textile de la région a périclité. De nombreux habitants n'ont plus de travail ni de revenus. Deux entreprises viennent pour travailler à la construction avec leurs ouvriers. (Lapalette de Paris et Mayat de Lyon). Tous les terrassements sont faits à la pelle et à la pioche, les bâtiments préfabriqués sont montés sur des assises bétonnées. Il faut des bras, un recrutement local se fait donc par deux allemands. Plusieurs Ranchalais, poussés par la misère, y travaillent. L'un d'eux, André Lièvre est même un prisonnier de guerre qui s'est évadé d'Allemagne et est revenu ici, dans son pays natal, à pied. Les villageois voient le soir des groupes importants d'ouvriers redescendre au village à travers les près. Ils rejoignent le bourg ou certains logent dans des maisons du village et où beaucoup prennent leur repas à l'hôtel restaurant Burnichon. La plupart étaient des chômeurs qui le faisaient par nécessité vitale mais aussi des jeunes des classes 1940-41-42, concernés par le service du travail obligatoire mis en place en février 1943, et qui évitent ainsi d'être envoyés en Allemagne. Inutile de préciser que le personnel local n'était pas très actif puisque très peu motivé pour travailler avec l'envahisseur.

Tout le matériel arrive par wagons en gare de Chauffailles et de Belleroche, des transporteurs locaux prennent le relais jusqu'au col des Écorbans. L'occupant privilégie à priori l'installation rapide d'un premier radar avec son poste de commandement, les soldats allemands en charge de l'exploitation et de la protection arrivent en août 1943, il s'agit d'un régiment de la 17ieme compagnie de la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande , il porte le nom de code "Bernhardiner". Pendant la construction, ils logent principalement chez les habitants de Belleroche et de Poule, contraints. Dès le premier radar installé, la zone est classée secrète et interdite au personnel, seule l'entreprise Lapalette y intervient. Certains témoignages font tout de même état des paraboles métalliques au camp et de leur transport impressionnant (Voir témoignage de Madame Forest ci-dessous).
L'occupant avait semble-t-il  privilégié l'installation rapide d'un radar, avec son poste de commandement, il était alors interdit au personnel d'accéder à la partie haute du camp ou seule l'entreprise Lapalette était intervenue. Les premiers soldats allemands sont arrivés en août 1943, ils logeaient chez les habitants de Belleroche et de Poule (A Poule, ils étaient des « malgré-nous » belges).


Radar Wurzburg reise identique à ceux de Ranchal (St Servais près de Nantes en 1944)

Un jour, le camp en construction fut visité par l'officier supérieur allemand à l'origine du camp, le général Kammhuber venu inspecter les travaux (Photo ci-contre). Il a indiqué clairement que les jeunes employés ici au titre du STO devraient partir en Allemagne pour travailler là-bas. L'un d'eux a alors immédiatement déserté (Monsieur Desfeuillet). Peu après cette visite, les gendarmes français sont venus au camp pour chercher les « STO », certains se sont alors échappés, puis, devenus réfractaires, ils durent se cacher jusqu'à la fin de la guerre.

Le général Josef Kammhuber

Des anecdotes amusantes sont restées dans les mémoires, notamment celle d'un petit cirque qui s'était installé à Poule. Un soir, pendant le spectacle, un clown raconta des histoires contre les « boches », les militaires allemands présents dans la salle n'eurent aucune réaction. Un jeune homme de Poule, a voulu par curiosité voir le camp et une sentinelle l'a intercepté, on l'a simplement fait travailler le reste de la journée puis libéré le soir. Les troupes qui surveillaient ces camps radars étaient bien différentes des autres unités allemandes. C'était les « Luftnachrichten » (Les nouvelles de l'air). Heureusement pour la population, les ordres devaient être d'éviter toute action violente à l'égard des habitants de chaque région, même à l'égard des curieux venus observer. Il semblerait que les allemands avaient quelques problèmes de ravitaillement, ils allaient de ferme en ferme mais les agriculteurs n'étaient pas très disposés à leur égard. Malgré cela, apparemment, ils ne procédèrent à aucune réquisition. Ils avaient de bons rapports avec la population, faisaient leurs courses dans les épiceries, consommaient au café avec les gens du pays mais aucun d'eux ne fréquentait l'église, même le dimanche pour le culte. L'interprète civil (Monsieur Kallenbach) s'était installé avec sa femme et ses deux filles dans une maison du bourg de Ranchal réquisitionnée . Ses deux petites filles allaient à l'école et parlaient bien le français. (Kallenbach a été fusillé à Poule au lieu dit "la scierie" le 14 juin 1944 par la résistance. Enterré provisoirement à Poule, sa femme revint quelques temps plus tard  pour faire rapatrier son corps en Allemagne.)

Le camp ne possédait pas de défense antiaérienne mais il pouvait être équipé d'une balise radio pour guider les avions ainsi que d'un système d'écoute permanent des longueur d'onde de la chasse aérienne comme dans les autres bases. D'autres bases radar ont été construites par les allemands dans la région, notamment en 1942 à Montagny les Buxy (Saône et Loire) et à Chazelles sur Lyon (Loire). Les constructions étaient semblables à celles de Ranchal, bâtiments préfabriqués sur des assises bétonnées avec isolation grâce à de la laine de verre (Matière encore inconnue dans la région à cette époque).


Intérieur de la cabine d'un radar Wurzburg

En 1944, bien que jamais attaqués, les allemands du camp se sentaient entourés de tous côtés par les maquisards. Les actions de sabotages de la résistance contre les lignes de chemin de fer de la vallée d'Azergues devenaient de plus en plus fréquentes. La ligne téléphonique du camp était régulièrement coupée et les Allemands qui rentraient en permission par cette ligne disparaissaient souvent sans laisser de traces. (Voir témoignages de Madame Forest, de Monsieur Latour et de Monsieur Michaudon). A Ranchal, on sait que Monsieur Ballandras qui habitait au Mont Pinay a donné "aide et assistance" aux FTPF (Francs tireurs et partisans Français) puisqu'il a reçu un diplôme décerné par le comité militaire national en mai 1945.
Le 3 mai 1944, les soldats de la Wehrmacht venaient frapper très durement le village voisin de Thel où ils massacrèrent les maquisards du maquis de Chauffailles laissant 13 corps sur place, deux prisonniers furent abattus par la suite et quatre autres résistants furent abattus à Thel, Chauffailles et Chassigny-sous-Dun. Les combats furent intenses car les allemands perdurent vingt-quatre hommes. Cela se passait sur la colline de la Chevrelus faisant face aux hameaux ranchalais des petites Fayes et de la Villoterie. René Favre et André Bonnevay qui avaient respectivement 8 et 4 ans ont été marqués pour toujours par le bruit des coups de feu et les cris qu'ils entendaient clairement depuis ces deux hameaux. Ce fût le drame majeur de la deuxième guerre mondiale en Haut Beaujolais. On ne connaît pas précisément les motivations des Allemands mais on ne peut écarter l'idée que, parmi elles, une crainte de voir le camp radar attaqué par les maquisards est plausiblement le déclencheur. D'après Gilles Vergnon, historien et maître de conférence à sciences po Lyon, les allemands attaquent à cette époque tous les maquis pouvant menacer leurs lignes de communication. Avec de tels objectifs et l'imminence d'une offensive de grande envergure de la part des alliés, la défense de l'espace aérien devenait primordiale, on peut imaginer qu'ils priorisaient la protection des camps radar. La wehrmacht a ensuite attaqué de nombreux autres maquis dans le Vercors, l'Ain, l'Auvergne, le Nord-Ardèche etc. On a tendance à penser que ce camp était anecdotique tant les aviateurs allemand se sont bien comportés mais il faut relativiser. Si l'attaque du maquis de Thel était une attaque préventive de défense du camp, alors la présence de ce dernier dans notre région n'aura pas été si anodine que nous pouvons le penser, bien au contraire, elle aurait même été meurtrière et catastrophique.

Juin / Juillet 1944 : On ne sait pas précisément à quelle date les allemands procèdent au démontage complet des installations, du radar, des équipements et des bâtiments préfabriqués du camp. Tous ces matériels furent acheminés en gare de Belleroche par les mêmes transporteurs locaux que pour la construction. 
Parmi ces derniers, certains, originaires de Propières, ont réussi à subtiliser les éléments d'un bâtiment qui a ensuite servi de salle des fêtes pour leur village près de la mairie (Photo plus bas sur la page). Ce bâtiment fut appelé "la cabane noire" et  on arrêta de l'utiliser vers 1970 pour cause de non-conformité aux normes de sécurité.
J'ai retrouvé à Propières la personne qui a détruit la cabane en 1970, il a récupéré le plancher allemand et l'utilise toujours chez lui !


La cabane noire

Le 5 juillet 1944, la résistance envoie à pleine vitesse dans le tunnel de Belleroche deux locomotives qui déraillent et bloquent l'ouvrage pendant longtemps.

On ne sait pas ce qu'il est advenu des allemands du camp, selon certaines informations non vérifiables, certains d'entre euxseraient tombés sous les balles de la résistance alors qu'ils essayaient de rejoindre leur pays, mais sans témoignage formel on peu plus vraisemblablement penser qu'ils sont repartis tranquillement dans les trains lors du déménagement du camp.

Le 3 septembre 1944 à 10h, l'escadron léger du 1er régiment de fusiliers marins de la 1ère DFL (Division française libre) entre à Lyon et rejoint les Terreaux.


Libération de Lyon - Le 3 septembre 1944 place des Terreaux

PS : Je tiens à remercier vivement Monsieur Jean Forest qui a fait une étude très complète sur le sujet en 2002, c'est sur cette dernière que s'appuient une partie de mes informations avec son autorisation.
En 1943, ce Monsieur découvrit sur la commune de Saint Vincent une quantité de petites bandelettes d'aluminium (1 cm x 25 cm). Cela l'intriguant, il enquêta plus tard et apprit que ces feuilles étaient larguées par la royal air force pour tromper les radars allemands de détection des vols anglais.

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Se rendre sur le site

Lien Google Maps

De Ranchal, il vous faut rejoindre le col des Écorbans (sur la route départementale D 10 en direction  des Écharmeaux)  puis prendre le chemin de terre qui part à droite direction sud est vers le col de Favardy. Les premières ruines sont le long du chemin sur la droite à environ 400 m du col. (Voir plan ci-dessous)
NB : Le site se trouve sur des terrains privés, merci de respecter les lieux.

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Les radars

Type de radar : Les deux radars ranchalais étaient de type Wurzburg Riese FuMG 65.(Parabole de 7.5 mètres de diamètre, balayage à 360 degrés, fréquence 560 mhz).
Le radar Würzburg fut conçu en 1936 chez Telefunken. Après deux ans de mise au point, le premier modèle opérationnel fut présenté à Hitler en 1939 et immédiatement installé dans les premières bases radar (Notamment à Sylt et Wangerroge, deux iles du nord de l'Allemagne). Le modèle Riese (géant), installé à Ranchal, fut l'aboutissement de la recherche en 1941. Il permettait de mesurer la distance, le relèvement et le site des appareils, avec une précision d'environ 15 mètres. Construit à 1.500 exemplaires, le Würzburg Riese a été utilisé en radioastronomie longtemps après la guerre. On peut encore en voir un à Douvres la délivrance dans le Calvados (Voir photo ci-dessous)

Ces radars étaient les piliers de la défense anti-aérienne allemande et allaient souvent par deux. Pendant que l'un traquait les appareils et les suivait, l'autre réglait les tirs de la DCA (Flugabwehrkanon ; "Flak" en abrégé) ou guidait les chasseurs chargés de l'interception (Junkers 88G et Messerschmitt BF 110, basés à Bron, à Ambérieu et à Valence).

Radar Wurzburg Riese (Musée de Douvres la D.)
Intérieur de la cabine du radar
Ecran du radar

Nom de code allemand de la station radar de Ranchal : "Bernhardiner". Les noms de code des stations radars commençaient toujours par la première lettre de la ville la plus proche et étaient souvent des noms d'animaux. Pour Ranchal, le nom "Bernhardiner" commence par un B comme "Belmont". En français, il signifie "Saint Bernard" dans le sens de la race canine. (Nous aurions pu tomber plus mal, un camp français portait le nom de code "Bastard"...)

Zone de couverture

Sur la carte ci-dessous extraite des archives militaires allemandes, nous voyons bien la zone de couverture du radar "Bernhardiner". D'un rayon de 30 kilomètres environ elle s'étend jusqu'à Roanne, Villefranche et Mâcon.
Sortant de cette zone, les avions alliés entraient dans celles couvertes par les radars de Chazelles sur Lyon au sud (Nom de code "Falter" "Papillon"), Décines Charpieu au sud-est (Nom de code "Leguan" "Iguane"), Bourg en Bresse au Nord Est (Nom de code "Maulwurf" "Taupe)), Montagny les Buxy au Nord (Nom de code "Buchfink" "Pinson"). On visualise bien le chevauchement et la complémentarité de ces différentes zones sur la carte ci-dessous.

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Croquis général du camp
et description des constructions

Le croquis ci-dessous vous permettra de vous orienter dans le camp. L'emprise au sol des bâtiments était tout de même de près de 3 000 m2.  De nos jours on peu y dénombrer les restes de 12 constructions : (Voir plan général ci-dessous)
L'idéal pour une visite complète est d'imprimer le guide (Cliquer sur "imprimer le guide pour la visite" en haut de page). Grâce au plan, vous pourrez trouver facilement chaque bâtiment et lire leurs descriptions en les parcourant. En lisant l'histoire du camp à vos enfants sur place, vous pourrez déborder sur toute l'histoire de la deuxième guerre mondiale et leur donner ainsi un excellent cours d'histoire tout en leur faisant prendre un bon bol d'air.

1 : Embase hexagonale du radar nord (tenant dans un cercle de 4.65 m) haute de 1.20 m. Dans chacun des 6 angles, une tige filetée haute de 35 cm et de 35 mm de diamètre servant à la fixation du radar.

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Embase du radar nord   Plan de l'embase (Cliquer pour agrandir)

2 : Assise en béton d'un bâtiment de 9 m sur 6m. (54 m2)

3 : Réservoir d'eau potable ressemblant à un blockhaus et couramment nommé ainsi par les Ranchalais. C'est un cube de béton de 3.45 m de coté et de 3.22 m de haut avec des piliers contreforts de chaque coté. Le seul accès est une petite ouverture sur le dessus. Il pouvait contenir environ 17 mètres cubes d'eau et était alimenté par une pompe depuis le captage d'une source sous le col des écorbans (Aujourd'hui captage de la commune). NB : J'ai eu la surprise lors de ma dernière visite de le trouver à moitié plein de divers objets métalliques : panneaux, plaques automobiles, sécateurs rouillés, tondeuse à gazon etc.… On se demande vraiment pourquoi quelqu'un a pris la peine de venir dans le bois puis de monter sur le réservoir et enfin de faire passer ces objets par la petite trappe ???? et  transformer ainsi le vestige en dépotoir…

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4 : Assises d'un bâtiment de 87 m de long apparemment équipé de 12 cheminées. (Surface au sol : près de 1000 mètres carrés !) Ce bâtiment à l'air de présenter en partie les mêmes disposition que le numéro 5, il devait donc partiellement servir de dortoir. La partie de l'édifice en forme de « T » abritait la salle de contrôle des radars, on le sait car les autres camps avaient la même.     

5 : Assise de bâtiment long de 42 m. large de 12.5 m. (Surface : 525 m2.) En suivant l'escalier extérieur, on remarque un couloir central. De part et d'autre étaient disposées des cheminées tous les 6.5 m. On peut imaginer un cloisonnement entre chaque cheminée et donc 7 chambres de 27 m2 de chaque coté soit 14 pour ce bâtiment.

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6 : Réservoir d'eau à ciel ouvert de 8 m de long, large de 4.4 m et de 3 m de profondeur. (35 m2). Couramment appelé « la piscine » par les Ranchalais, il devait être un réservoir d'eau prévu en cas d'incendie. Pour éviter un accident, des forestiers l'ont partiellement comblé avec des branches.

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7 : Assise de bâtiment de 42 m de long sur 13 m de large (Surface 546 m2). Les témoignages parlent d'une façade de baies vitrées coté escalier lui donnant un bel aspect. Il devait servir de foyer et/ou de restaurants aux militaires. La grosse cheminée encore debout était peut être celle des cuisines. Il reste une ouverture (2.7 m / 1 m) sur la gauche du bâtiment donnant accès à une salle souterraine qui était, semble-t-il un abri souterrain.

8 : Assise de bâtiment  long de 56 m et large de 13 m (728 m2). Dalle en béton de 75 m2 sur la droite du bâtiment.

9 : Seul bâtiment important construit en dur et encore debout aujourd'hui. Longueur 9 m largeur 7 m (63 m2), il était surmonté d'une tour dans le haut de laquelle arrivait la ligne électrique haute tension tirée depuis le transformateur de Ranchal. Se trouvait là également un transformateur. Comme dans la base radar de Montagny les Buxy (71), un groupe électrogène devait certainement se trouver dans l'autre partie du bâtiment pour prendre le relais en cas de coupure (bombardement ou sabotage).

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10  : Assise de bâtiment carré de 5 m de coté (25 m2). Peut être le poste de garde de  l'entrée du camp ?

11 & 12 : Une embase de radar identique à la première se trouve à 200 mètres environ  au sud de celle-ci (à droite sur la carte). Une assise de bâtiment de 9m de long et de 6 m de large (55 m2) se trouve à 35 m au Nord Est de cette embase.

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Photo aérienne de 1946, deux ans après le démontage des bâtiments


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ANNEXES
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La cabane noire


Le bâtiment volé aux allemands en 1944 a servi de salle des fêtes à Propières jusqu'en 1970.

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Le général Kammhuber

Compagnie affectée au camp de Ranchal : 17ème Flugmelde-Leit Kompanie / Ln.-Rgt 51.

Josef Kammhuber, fils d'un fermier, est né à Alz en 1896. Il a rejoint l'armée allemande en tant que volontaire en 1914 ou il combattit à Verdun. En 1933 il est transféré dans la « Luftwaffe ». Le 17 juillet 1940, Hitler lui confie le commandement de la chasse aérienne de nuit (Nachtjagd-Division). Il est à l'origine de la ligne de défense alliant chasseurs de nuit et radars qui porte son nom : la ligne Kammhuber qui s'étendait du Danemark au centre de la France et dont Ranchal était l'un des derniers camps radar. Il est mort en 1986.

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TEMOIGNAGE DE MADAME FOREST RENEE
dont on peut entendre un extrait dans le podcast ci-dessous (de 5 mn 15 à 6 mn 55)


En 1942, j’habitais à Belleroche et, dans toutes les fermes ou il y avait une chambre libre, les allemands nous avaient obligés à prendre un des leurs, à le nourrir et le loger. Il y avait tous les corps de métier pour construire le camp, notre hôte était un serrurier. Je ne sais pas si nous étions dédommagés pour cela, j’étais une enfant et ce n’était pas mon problème. Il s’agissait donc des allemands qui travaillaient au camp pour la construction, ils ne sont pas restés très longtemps car, une fois le camp terminé, seuls quelques uns restèrent pour l’exploitation des radars, ils devaient alors tous loger sur Ranchal. Nous faisions partie des rares familles à posséder un poste TSF, notre hôte allemand ne parlait pas français mais il nous avait fait comprendre qu’il aurait aimé venir le soir avec des amis pour pouvoir écouter les informations allemandes. Nous avions accepté mais nous n’aimions pas trop cela car, le soir, ils étaient entre 5 et 10 à la maison, personnellement j’avais 12 ou 13 ans et cela m’effrayait un peu.
Chez nos voisins logeait le chef du camp, il s’appelait Eric, nous lui avions demandé l’autorisation de passer sur le chemin qui traversait leur base de façon à pouvoir nous rendre sur nos terrains au dessus du camp allemand (terrains que j’ai toujours). A l’époque, nous plantions des sapins, le garde du radar du haut avait pris notre pioche pour nous montrer qu’il savait planter les arbres et qu’il était de la campagne.

 
Belleroche à l'époque
Un poste TSF de l'époque

Nous ramassions aussi de l’herbe et surtout nous coupions des fougères pour dégager les plants et surtout pour faire la litière des animaux car pendant la guerre on nous prenait aussi le foin et la paille par réquisition. Nous avions donc besoin de passer par le camp avec nos vaches attelées et notre char. Il nous avait accordé le passage sans difficulté et il avait fait prévenir les postes de garde notamment celui qui se trouvait en permanence au bord de l’actuelle route goudronnée.

A l’époque, ce n’était pas boisé comme maintenant, c’était un terrain vague avec quelques arbres épars qu’ils avaient bien laissés et qui leur servaient à se camoufler, ils avaient aussi tout peint en vert camouflage. Tout était très bien fait et ils pensaient certainement rester longtemps ici. Nous avons d’abord vu cette belle baraque qui était toute vitrée et qui se trouvait au bord du chemin, celle dont la montée d’escalier est toujours là. Grâce à ce vitrage, ils voyaient tout ce qui passait par le chemin, quand un de leur camion nous barrait le passage, ils sortaient immédiatement pour le ranger. Nous n’avons jamais été ennuyés par eux, ils étaient vraiment amicaux.

Une chose nous avait marqué, c’était la laine de verre qu’ils utilisaient pour l’isolation, nous ne connaissions absolument pas cela, ils en avaient déposé un tas en vrac au fond du chemin, on aurait dit un tas de bourre de coton, c’était du verre effilé très fin qui piquait les doigts si l’on essayait de le toucher. Même s’ils avaient la possibilité de tourner sur leur axe, les radars étaient fixes, celui du bord du chemin était dirigé vers la vallée de la Saône et celui du haut vers le Roannais.
Nous étions là haut derrière le camp le jour ou les avions alliés sont venus bombarder Poule, nous les voyions tourner et nous ne savions pas ce qu’ils voulaient faire. Craignant qu’ils ne viennent bombarder le camp des allemands, nous sommes partis. Ils cherchaient en fait à couper la voie de chemin de fer et à détruire la gare de Poule mais toutes les bombes ont raté leurs cibles. Le camp était donc effectivement bien camouflé et les alliés n’avaient pas connaissance de son emplacement précis. La nuit nous entendions passer des avions alliés et le matin nous trouvions les champs couverts de tracts, je ne sais plus du tout ce qu’il y avait dessus. Je ne me souviens pas avoir trouvé des bandelettes d’aluminium comme Monsieur Forest de Saint Vincent.

Quand ils sont partis et ont tout démoli, nous habitions sur la route entre les Aillets et Belleroche et nous avons vu passer les camions avec les radars qui descendaient à la gare de Belleroche (gare par laquelle ils étaient également arrivés).

Ils expédiaient aussi du matériel et des bâtiments préfabriqués par la gare de Poule mais je me souviens que la résistance avait, à l’époque envoyé à pleine vitesse des locomotives sans chauffeur dans le grand tunnel de Poule pour qu’elles déraillent et se renversent à l’intérieur, bloquant ainsi la voie (NDLR : 5/7/44). Au début de la guerre, le tunnel était gardé, les allemands mobilisaient les hommes de Belleroche, en général des personnes âgées pour monter la garde aux entrées du tunnel. Je pense que c’est la mairie qui avait reçu cet ordre et qui géraient les tours de garde.

C’était étrange, à Favardy des coups de feu étaient tirés régulièrement par le maquis mais les allemands du camp ne se déplaçaient jamais. Ils devaient avoir conscience qu’ils étaient bien là au lieu d’être sur le front Russe. Je me souviens du bistrot de Monsieur Corget à Polcy, ils y étaient tout le temps, c’était toujours plein.


Polcy

A l’époque la nourriture partait toute à la réquisition donc nous cultivions un peu de blé là haut sans le déclarer pour pouvoir manger à notre faim et nous passions pour cela à Ranchal, chez Monsieur Dubost ou nous allions le passer à la batteuse. Quand les Allemands sont partis, je me souviens des Ranchalais qui montaient au camp avec les vaches et les tombereaux pour récupérer tout ce qu’ils pouvaient. Les gens de Propières avaient, quant à eux, détourné un bâtiment complet qui leur a servi par la suite de salle des fêtes.

J’ai entendu dire, comme beaucoup, que peu d’entre eux seraient repartis chez eux, qu’ils auraient été tués sur le chemin du retour mais je ne sais pas si cela est vrai. De toute façon, si c’est vrai, c’était de la bêtise, ces gens là étaient des humains comme les autres et ils n’avaient jamais fait de mal à personne ici.

(Ceci est la retranscription d'un témoignage oral recueilli le 31 décembre 2009 par le webmaster)


Madame Forest Renée

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RÉSISTANCE A RANCHAL

Les Francs-tireurs et partisans français (FTPF ou FTP), est le nom du mouvement de résistance
intérieure française créé à la fin de 1941 et officiellement fondé en 1942 par le PCF

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TEMOIGNAGE DE MONSIEUR LATOUR

Je vous livre ici le témoignage de Monsieur Gilbert Latour qui m'a aimablement envoyé un double de sa lettre à Monsieur le consul d'Allemagne. Hanté par le souvenir douloureux d'un épisode vécu à l'âge de 11 ans, il avait noblement décidé d'informer le consul pour permettre une éventuelle identification de la victime et ainsi, l'information de sa famille qui doit se contenter depuis le tragique décès d'un laconique "mort en mission" (Suite à ce courrier des recherches ont été faites en Allemagne par les services dédiés mais elles n’ont pas abouti)

"En 1944 ma famille habitait Lamure sur Azergues. Mon père était agent SNCF à la gare. En 1943 l'armée allemande avait installé une base d'observation (C'est ce que disait la rumeur publique) à Ranchal. Un soir des derniers jours de mai, je n'ai pas mémorisé la date mais c'était avant le 6 juin, j'allais vers 19h30 à la gare, pour rejoindre mon père qui terminait son service à 20 heures. Son collègue de nuit (20h / 4h) que je nommerai par ses initiales H.G. arriva en avance. Il hésita, semble-t-il en raison de ma présence, puis raconta les évènements de la nuit précédente. Parmi les voyageurs arrivés à 20h45 par l'unique train quotidien reliant Lyon Saint Paul à Lamure, il y avait un soldat allemand. H.G. ayant procédé au garage du train, regagna le bureau 20 minutes plus tard, la nuit était totale. Le soldat était revenu et lui fit comprendre qu'il désirait passer la nuit à la gare. Aller à Ranchal à pied en pleine nuit offrait beaucoup d'incertitude. Plus tard H.G. était occupé à des écritures tandis que le soldat était adossé à une grosse presse à relier posée sur une table. Soudain par une fenêtre latérale, H.G. et le soldat virent passer trois hommes, quelques secondes après ils entraient dans le bureau. Je passerai sous silence ce qui fût une mise à mort. Si plus tard, cela s'avérait utile je pourrai écrire ces détails sordides. Celui qui paraissait être le chef du groupe fouilla le mort et dit "Il est Polonais". Ce détail semble sans intérêt puisque, compte tenu de l'histoire de l'Allemagne (Silésie, Poméranie, Prusse orientale etc.) il était normal que des milliers de militaires allemand portent un patronyme à consonance polonaise. Mais ramené à la petite garnison de Ranchal, cela devient plus précis. H.G. du insister pour que les assaillants emmènent le cadavre. Peu de personnes ont dû connaitre où et comment ils se débarrassèrent de ce fardeau encombrant. Je ne sais pas si l'autorité militaire ouvrit une enquête, ce soldat n'ayant jamais rejoint Ranchal. A aucun moment, jusqu'à la libération, début septembre, les cheminots de Lamure furent interrogés.
Entre mon père et moi jusqu'à son décès en 1964 (Il n'avait que 61 ans) jamais ce drame ne fut évoqué. H.G. l'unique témoin quitta Lamure deux ou trois années plus tard, en raison d'une promotion."

Merci beaucoup Monsieur Latour pour ce témoignage qui nous éclaire sur les disparitions que j'évoquais dans mon "histoire du camp".

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TEMOIGNAGE DE MONSIEUR MICHAUDON

A la lecture de cette page, Monsieur Yves Michaudon nous fait part de son témoignage intéressant puisqu'il nous éclaire sur une autre des disparitions évoquées ici (Ou s'agit-il de la même ?) :

"Je viens de lire l'excellent article sur le camp allemand dont j'avais entendu parler par mon père originaire de Poule et j'aimerais apporter un témoignage.
Mon grand-père Camille Descroix était employé par la SNCF et dirigeait une équipe de cantonniers chargés de l'entretien des voies. Il occupait avec ma grand-mère le logement de fonction de la gare de Claveisolles.
Pendant l'occupation il dut un jour se rendre au lieu-dit Le Bois d'enfer où il trouva, près des rails, le corps d'un soldat allemand. Probablement un permissionnaire qui rentrait au camp et avait été abattu par la Résistance.
Craignant des représailles sur les villages environnants, il prit l'initiative, avec son équipe, d'enterrer le long de la voie le corps du soldat qui fut probablement porté déserteur et qui s'y trouve certainement encore..."

"Mon père quant à lui,  m'a souvent raconté que le fil téléphonique qui reliait le camp était régulièrement coupé."

Une excellente initiative qui a peut être sauvé des vies. Malheureusement la datation est impossible, Monsieur Descroix étant décédé en 1984.
Merci Monsieur Michaudon pour ce témoignage.


Image d'illustration (Soldat allemand en Normandie)

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CRASH D'UN AVION A PROPIERES

Le site "Patrimoine en haut-Sornin" (Propieres) nous raconte l'histoire passionante du
Crash d'un avion allemand en 1944 à la Roche d'Ajoux :

http://www.patrimoine-haut-sornin.fr/histoire%20contemp4.htm

En 2016 j'ai retrouvé les restes du crash perdus au cœur d'une forêt magnifique sous la roche d'Ajoux :
Coordonnées géographiques : 46.17955, 4.45840

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LE VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT

Voici un livre qui mérite le détour et qui mérite sa place ici car...il commence au camp allemand de Ranchal. C'est en fait l'engagement d'un homme dans la résistance qui débute par l'espionnage du camp, son histoire a été admirablement reconstituée par son fils dans un livre historique de 300 pages, émouvant et très intéressant qui vient de paraitre.
(Ce Monsieur a vu son père pour la dernière fois à l'automne 1943 chez Félix Longin au lieu-dit "goutte-romaine" à Saint Vincent de Reins ou il logeait pendant la guerre - tout témoignage serait le bienvenu)

Vous pouvez l'acheter en envoyant un cheque de 23 euros à : (20 euros + 3 euros de frais de port)


Couverture

Michel Caron, 6 rue Anne Frank
38550 St Maurice l’Exil.

Tél . 04 74 86 59 07
port. 06 21 87 10 82

michel.caron32@sfr.fr


Michel Caron (père)
alias Maurice Carrier
dans la Résistance

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PRESSE

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